J'ai vu dans son vol blanc et majestueux
Une mouette arrivait du grand large
Elle s'est posée sur nous, près de la plage à côté des rochers
Aprés un peu en vain, elle a essayé de repartir
En s'agitant désespérément
Alors je suis allée la ramasser
Ces plumes étaient noires, toutes collées par le mazout
Parfois le vent léger faisait bouger son aile
Je la tenais serrée, serrée tout contre moi
Tachant de retenir la vie qui partait d'elle
D'alléger sa souffrance et calmer son effroi
J'ai versé, je l'avoue, dans la mer une larme
Mais qu'est-ce dans les flots, que le bleu d'un sanglot
Quand gluante est l'écume et quand noires sont les larmes
Couvertes du pétrole des soutes d'un cargo
Pauvre mouette, toi qui croyais
Près de la Terre te reposer
Il parait qu'autrefois tous les grands capitaines
S'en allaient droit au vent au fond des océans
Mais sont-ils des marins tous ceux-là qui s'en viennent
Pour faire mourir la baie et ce qui est dedans
De ses yeux étonnés de souffrir mais sans haine
L'oiseau me regardait mais ne comprenait pas
Moi, je tournais la tête et de honte et de peine
En sentant dans les mains son cœur devenir froid
Parfois le vent léger faisait bouger son aile
Je la tenais serrée, serrée tout contre moi
Tachant de retenir la vie qui partait d'elle
En sentant dans les mains son cœur devenir froid
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